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Article paru dans Famille chrétienne n° 1990 du 5 au 11 mars 2016

 

Lorsque la révolution a éclaté au Caire, en mars 2011, de nombreuses Egyptiennes ont participé aux gigantesques manifestations de la place Tahrir. Descendre ainsi librement dans la rue pour défiler aux côtés des hommes, voilà qui ne manquait pas de nouveauté dans un pays où la mixité entre musulmans adultes n’est pas de mise. Les femmes voulaient s’associer au vaste mouvement d’émancipation de toute forme d’oppression qu’annonçait le « printemps arabe ». Elles ont payé bien cher leur audace, beaucoup d’entre elles ayant subi toutes sortes de violences et d’humiliations : attouchements et viols en public, tests de virginité dans les commissariats de police, etc.

Cologne

Il est difficile de ne pas voir un écho à ces faits dans les agressions sexuelles de masse commises par des musulmans contre des Européennes durant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne et ailleurs sur le Vieux Continent. Ce lien a été fait par un journaliste algérien, Kamel Daoud, dans une chronique qu’il a signée début janvier dans le Quotidien d’Oran. Pour lui, « l’une des grandes misères d’une bonne partie du monde dit arabe, et du monde musulman en général, est son rapport maladif à la femme ».

Mais quel est le fondement de cette obsession machiste ?

Le poète Adonis, Syrien de confession alaouite, donne une réponse tranchée à la question. « L’islam assujettit la femme et fixe cette servitude par le Texte », assure-t-il à la psychanalyste marocaine Houria Abdelouahed, dans un récent livre d’entretiens, Violence et islam (1). De fait, on lit dans le Coran : « Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevés ceux-ci au-dessus de celles-là » (4, 34). Ce verset reflète sans doute l’héritage patriarcal des sociétés arabes mais en l’occurrence l’ennui est que cette tradition résulterait d’une volonté divine, donc immuable, et non des désordres engendrés par le péché originel, réalité que le Coran ignore.

Il en résulte, selon Adonis, que « l’islam a séparé de façon radicale la masculinité de la féminité » et qu’il a fait de la femme « un instrument pour le désir et le plaisir de l’homme ; il a utilisé la nature pour établir et asseoir davantage sa domination ». Le poète appuie son raisonnement sur des versets coraniques, tels que celui-ci : « Vos femmes sont pour vous un champ de labour : allez à votre champ comme vous le voudrez » (2, 223). La Sunna (Tradition) abonde dans le même sens si l’on se réfère aux hadîth-s (récits) rapportant des propos attribués à Mahomet et à ses proches. « Une femme ne doit jamais se refuser à son mari, fût-ce sur le bât d’un chameau », sinon « elle sera maudite par les anges ». En revanche, « toute femme qui meurt en laissant son mari satisfait d’elle ira au paradis ».

La conception islamique du mariage

fait de l’épouse non pas un sujet contractant mais l’objet d’un contrat qui rend licite (halal) l’acte sexuel. On est loin de la conjugalité et de l’indissolubilité propres au mariage chrétien !

Le musulman possède alors des droits absolus sur sa compagne. Il lui est permis de la battre, de la partager avec d’autres femmes et de la répudier (Coran 4, 34 ; 4, 3 et 2, 241). Et si, après une séparation, il veut reprendre la vie commune, cela ne lui est licite que si l’épouse rejetée a contracté et consommé un mariage avec un autre homme (2, 230).

Cette disposition, humiliante également pour l’époux trop impulsif, aurait pour but de limiter le recours à la répudiation, puisque, selon Mahomet, celle-ci est « pour Dieu l’acte licite le plus abominable ». Ce qui n’empêche pas le Coran d’affirmer : « Si les époux se séparent, Dieu les enrichira tous deux de son abondance » (4, 130).

Les femmes sont par ailleurs objets de discrédit et de méfiance. Là aussi, les sources abondent. Pour Ali, cousin et gendre de Mahomet, « il ne faut jamais demander un avis aux femmes, car leur avis est nul […] même en une matière concernant la vie quotidienne ». En refusant de serrer la main à celles qui sont étrangères au cercle familial, les salafistes observent une consigne du prophète de l’islam : « Celui qui touche la paume d’une femme à laquelle il n’a pas d’accès licite, on lui mettra une braise sur sa paume le jour du Jugement dernier ». Et encore : « Le diable est toujours présent lorsqu’un homme se trouve avec une femme ».

            Toute mixité est donc source potentielle de péché.

D’où, dans les milieux les plus scrupuleux, la ségrégation imposée aux adultes, notamment à l’Université ou sur les lieux de travail et de loisirs, et même dans des circonstances propices à la joie partagée, comme les mariages. Hommes et femmes festoient alors dans des espaces séparés. D’où également l’obligation du port du voile islamique en dehors du domicile. Il s’agit de préserver l’homme de toute tentation charnelle, car la chasteté est une attitude incomprise en Islam.

Loin de favoriser l’émancipation des musulmanes, l’exemple occidental, où se développe l’impudicité (les mini-jupes sont décrites comme « normales » dans les guides du réfugié distribués aux migrants en Allemagne) ne peut qu’encourager l’obsession sexuelle si caractéristique des sociétés musulmanes.

 

Annie Laurent

(1) Ed. du Seuil.