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Article paru dans La Nef n° 300, février 2018

Jeannette Bougrab, Lettre d’exil. La barbarie et nous, Cerf, 2017, 218 p., 18 €.

Fille de harkis et éprise de sa patrie d’adoption, nommée à l’ambassade de France en Finlande à la suite des menaces reçues pour ses propos mettant l’islamisme en cause après l’attentat contre Charlie Hebdo (2015), Jeannette Bougrab confie ici sa peine et sa colère devant une situation dont, selon elle, on n’a pas encore vu le pire. Dans un style combattif, l’auteur décrit le projet conquérant de l’islam idéologique qui, dans sa volonté de contrôler les consciences, exploite la politique suicidaire et le nihilisme de l’Occident, attirant dans ses rangs tant d’Européens perdus. Elle déplore les compromissions de nos élites avec les Etats qui financent le djihad, l’aveuglement de la gauche, la justice défaillante, les concessions lâches et dangereuses à l’islamophobie. Elle pleure enfin sur la dissolution du concept de nation au bénéfice d’un improbable « vivre-ensemble » alors que la troisième génération d’immigrés rejette la culture française.

Tout en admirant son courage et la vérité de sa démonstration, on ne peut s’empêcher de relever la contradiction entre sa lucidité et le postulat qui ouvre son essai :

 Moi, j’ai choisi mon camp depuis longtemps : celui de la République avec son triptyque : liberté, égalité et laïcité. Car moi, la fille de musulmans, je crois qu’il n’y a pas d’autre choix pour la France que d’expulser l’islam de la Cité comme déjà, dans l’histoire, elle avait dû mettre hors-jeu du champ politique les autres religions et neutraliser leur tentation de substituer l’ordre théocratique à la démocratie républicaine ».

 

Annie Laurent