Dans la Petite Feuille Verte , nous avons montré que le recours à des procédures électorales régulières ne pouvait suffire à garantir l’adoption par les régimes islamiques des valeurs démocratiques telles que l’égalité et la liberté. Dans la PFV suivante , nous avons particulièrement démontré que la doctrine islamique ne respectait ni l’égalité entre les citoyens, ni l’égalité entre les hommes et les femmes. Dans la présente PFV , nous nous interrogeons sur la question des libertés de façon générale.
PAS D’AUTONOMIE DU SUJET EN ISLAM
La perception coranique de Dieu et de l’homme conditionne une vision spécifique du monde et de l’organisation sociale.
L’unicité
Le dogme principal de l’Islam consiste en l’unicité divine (tawhîd). L’Islam se pense comme une entité unitaire où la différence est mal vue et où il n’y a, en principe, de place que pour une pensée unique. Les divisions (sunnites, chiites, etc.) au sein du monde musulman troublent cette unicité mais ne lui ôtent pas sa pertinence.
« L’islam est la religion de l’un dans son radicalisme le plus absolu et le plus exclusif » (Antoine Moussali, Judaïsme, christianisme et islam, Ed. de Paris, p. 70).
La prédestination
Selon le Coran, l’homme n’est pas créé libre. Il est soumis à une prédestination qui le prive de son libre-arbitre et limite considérablement sa responsabilité.
« Dis : il ne nous adviendra que ce que Dieu a déterminé pour nous » (Coran 9, 51).
« Aucune calamité ne se produit sur la terre ou chez vous sans qu’elle n’ait été auparavant consignée dans un Livre, avant que nous ne la créions » (Coran 57, 22).
« Dieu égare qui Il veut et guide qui Il veut » (Coran 74, 31).
« Si, dans l’Islam, Dieu décide du destin de l’homme, dans le christianisme chacun décide, par ses croyances et ses actes, de son propre destin dans l’éternité » (Henri de Saint-Bon, L’Islam à la lumière de la foi chrétienne, Ed. de L’OEuvre, p. 58).
Le poids du communautarisme.
Le musulman appartient à une communauté, l’Oumma (mot dérivé de oum = mère ou matrice), qui le sécurise tout en le contraignant. Elle le sécurise par la solidarité pratique de ses membres et la certitude psychologique et religieuse qu’elle lui offre. Mais elle le contraint par la surveillance constante et la pression de ses « frères », notamment pour l’observance des rites religieux.
Dans la plupart des pays musulmans comme dans certains quartiers de nos pays, la surveillance va de la simple pression sociale à l’interdit et à la contrainte légale.
Tel est le cas, par exemple, pour le jeûne du Ramadan. Le port du voile islamique par les femmes répond aux mêmes critères contraignants, pouvant aller jusqu’à leur imposer la tenue intégrale qui dissimule le visage (niqab ou burqa en Arabie-Séoudite, chez les talibans en Afghanistan ainsi que chez les islamistes* ailleurs).
De tous ces principes découlent les puissantes entraves qui s’opposent à l’exercice des libertés individuelles dans l’Islam et empêchent l’homme de se déterminer par lui-même.
LIBERTÉ D’OPINION ET D’EXPRESSION
Les pays où l’Islam est la religion officielle et ceux qui sont gouvernés par des régimes islamistes* tendent à imposer l’uniformité dans tous les domaines de la vie publique et de la vie privée, exigeant de leurs ressortissants l’observance de la Loi divine.
Le Dieu du Coran est un Dieu législateur : Il définit une fois pour toutes, ne varietur, le licite et l’illicite, ne laissant que très peu d’espace à la raison et à la conscience.
Alors que, selon la conception chrétienne et dans les démocraties modernes, les normes et le droit sont inspirés des valeurs et de la morale, la conception coranique confond ces niveaux pour ne retenir que les normes, lesquelles sont en outre empreintes d’une sacralité qui les rend absolues et intangibles (cf. Claude Sicard, L’Islam au risque de la démocratie, Ed. F.-X. de Guibert, p. 81). Il n’appartient donc pas aux hommes de se donner leurs propres lois.
La nouvelle Constitution égyptienne, imposée par l’Etat islamiste issu de la révolution de 2011, illustre ces limites. Si elle consacre « la liberté d’opinion et d’expression » (art. 45), elle interdit « d’insulter les prophètes des religions monothéistes » (art. 44).
Dans la pratique judiciaire, cette disposition ne concerne que l’Islam ; elle est en outre susceptible de recevoir une interprétation extensive de la part des tribunaux, comme le montrent les condamnations prononcées depuis lors contre plusieurs Egyptiens, notamment des journalistes, de plus en plus soumis à la censure d’Etat.
« Le président Morsi veut imposer un fascisme religieux » (Mounir Abdelnour, secrétaire général du Parti Wafd, libéral et laïque, La Croix, 30 novembre 2012).
Annie LAURENT
* « L’islamisme » est la dimension idéologique de l’islam.