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Radio-Espérance, 25 février 2015

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Les chrétiens d’Egypte ont vécu un début de Carême marqué du sceau du martyre. Voici dix jours, le dimanche 15 février, 21 coptes ont été sauvagement décapités sur une plage de la Méditerranée, en Libye où ils travaillaient pour pouvoir nourrir leurs familles demeurées dans leurs villages. Leur assassinat a été revendiqué par les djihadistes de l’Etat islamique qui se sont implantés en terre libyenne à la faveur du chaos consécutif à la chute du colonel Kadhafi, en 2011.

L’intention des djihadistes était bien de tuer des chrétiens et pas seulement des Egyptiens, ce que le communiqué de l’Elysée condamnant cet acte a voulu taire. Le meurtre des coptes relève peut-être d’une vengeance contre le gouvernement égyptien qui est en première ligne dans la lutte contre l’Etat islamique ; il avertit peut-être aussi le président Sissi de ne pas aller trop loin dans la bienveillance qu’il manifeste envers ses compatriotes chrétiens. Mais la vidéo diffusée sur Internet, qui montre l’horrible spectacle, porte cet intitulé significatif. Voici ce titre :

« Un message signé avec le sang à la nation de la Croix ».

En outre, les coptes sont morts dans une attitude paisible, en prononçant le nom de Jésus. Ils sont donc de véritables martyrs et pas seulement les victimes d’une vengeance contre le gouvernement égyptien. Mgr Youssef Aboul-Kheir, évêque copte-catholique de Sohag, en Haute-Egypte, n’a aucun doute à ce sujet, ainsi qu’il l’a déclaré à l’Aide à l’Eglise en Détresse. Je cite : «

Ils sont morts d’une mort sainte, avec des prières aux lèvres. Ils ont péri comme sont morts les premiers chrétiens ».

La référence aux premiers chrétiens vient rappeler les persécutions romaines subies par les coptes, en particulier entre 303 et 305, sous le règne de l’empereur Dioclétien, épisode qui favorisa par ailleurs l’évangélisation du pays du Nil. Depuis lors, l’Eglise copte aime se décrire comme une « Eglise de martyrs ». « Le sang des martyrs engendre l’Eglise », a également assuré Mgr Aboul-Kheir. Pour sa part, le patriarche Théodore II, chef de l’Eglise copte-orthodoxe à laquelle appartenaient les martyrs, a annoncé l’inscription de leurs noms au Synaxarium, l’équivalent du Martyrologe romain, ce qui signifie qu’ils sont déjà canonisés. Leur fête sera célébrée le 15 février.

Dans leur douleur, les coptes montrent de magnifiques dispositions spirituelles.  Celles-ci ressortent admirablement de la touchante icône peinte par un jeune artiste copte, Tony Rezk, icône que beaucoup d’auditeurs de Radio-Espérance sont sûrement pu contempler grâce à Internet. Mais, plus important, l’heure est à la consolidation de la foi et au pardon.

Sur ce plan, les coptes offrent un témoignage vraiment exemplaire. Leur foi, fervente, s’accompagne d’un abandon confiant envers la Providence. Voici ce que Samia, une copte établie au Liban, a déclaré au quotidien de Beyrouth, L’Orient-Le Jour : «

Nous portons notre foi dans le cœur malgré toutes les persécutions. Ce n’est pas la première fois que l’on tue des coptes et ce ne sera pas la dernière. Nous mourrons toujours parce que nous sommes les témoins du Christ ».

En 1983, mon confrère Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, qui fut correspondant de presse au Caire, relevait cette vocation au martyre. Dans un ouvrage essentiel, Le Radeau de Mahomet, qu’il convient de relire aujourd’hui, il notait que pas une génération de coptes, en quatorze siècles d’islam, n’avait été épargnée par le malheur. Puis, s’interrogeant sur le secret de leur endurance, il rapportait cette confidence d’un jeune cadre. Je cite :

 Ne voyez chez nous ni insouciance ni résignation mais seulement une immense patience, une énorme force intérieure fondée sur la prière. C’est ainsi que nous tenons depuis des siècles. C’est elle qui nous délivre de la peur morale ».

Quant à l’aptitude des coptes au pardon, elle a été réaffirmée après le drame par Mgr Angaelos, l’évêque des coptes-orthodoxes au Royaume-Uni. Ecoutons-le :

 Nous pardonnons vraiment aux tueurs des profondeurs de nos cœurs. Autrement, nous serions consommés par la colère et la haine et nous entretiendrions une spirale de violence qui n’a pas lieu d’être dans ce monde ».

Saints martyrs coptes, priez pour nous !

 

Annie Laurent