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Radio-Espérance le 2 octobre 2013

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La semaine dernière, le patriarche de l’Eglise chaldéenne, Sa Béatitude Louis Sako, dont le siège est à Bagdad, en Irak, s’est rendu au Liban pour sa première visite pastorale dans ce pays depuis son élection le 28 janvier 2013.

Des chaldéens

sont depuis longtemps établis à Beyrouth, où ils ont leur évêque propre. La cathédrale actuelle de ce dernier, construite pendant la guerre à Baabda, une banlieue chrétienne, est dédiée à l’Archange Raphaël qui est aussi fêté le 29 septembre dans le calendrier liturgique chaldéen. Au cours de l’homélie qu’il a prononcée durant la messe solennelle célébrée dimanche en ce lieu, le patriarche Sako a insisté sur l’urgence de l’unité entre les chrétiens orientaux de toutes confessions, afin de relever ensemble les énormes défis qui menacent leur présence dans la région.

Le cardinal Béchara Raï,

chef de l’Eglise maronite, tout juste rentré de Rome où il a remis au pape François un rapport sur la situation au Proche-Orient, a profité de la venue de Mgr Sako pour organiser un sommet impromptu qui s’est tenu vendredi dernier à son siège patriarcal de Bkerké. Des représentants de toutes les Eglises catholiques et orthodoxes du Proche-Orient y ont participé. L’intention de Mgr Raï était d’améliorer la concertation entre les Eglises orientales mais aussi de préparer la rencontre que tous les patriarches catholiques, qui sont au nombre de six, doivent avoir avec le Saint-Père au Vatican, le 22 novembre prochain. Des dignitaires orthodoxes devraient se joindre à cette audience, qui constituera un événement inédit.

Durant son séjour au Liban, Sa Béatitude Louis Sako s’est présenté comme un farouche partisan de l’attachement des chrétiens orientaux à leurs patries, demandant à ses fidèles de résister à la tentation de l’émigration qui est une dérobade et entraîne la perte de leur identité. Et de préciser : « Dans les pays d’émigration, leur rôle et leur histoire disparaîtront ».

A propos de l’Irak,

le patriarche chaldéen a estimé que la population chrétienne, qui était d’un million cinq cent mille avant la guerre de 2003, laquelle a plongé le pays dans le chaos, n’en compte plus que le tiers. Cette diminution est pour lui source de vive inquiétude. Je le cite : « L’exode se poursuit, en raison de l’instabilité chronique qui marque la vie de l’Irak, où des attentats se produisent quotidiennement ». Il a également critiqué l’attitude de certains Etats occidentaux qui facilitent l’émigration des chrétiens d’Orient en leur accordant largement des visas. « C’est comme si ces Etats voulaient compléter le travail que la guerre n’aura pas fait », a-t-il dit à ce sujet.

Sur la responsabilité des « maîtres du monde », selon sa propre formule, il a posé l’interrogation suivante : est-ce que, dans leur machiavélisme, les puissants ne cherchent pas à faire éclore un nouveau Moyen-Orient éclaté en entités ethniques ou religieuses homogènes ? L’exode forcé des populations à coups de voitures piégées semble aller dans ce sens en Irak, et, d’après lui, un plan similaire est en cours de réalisation en Syrie.

Une telle transformation de la région ne laisserait aucune place aux chrétiens.

En effet, les obliger à vivre dans des réserves confessionnelles, sous prétexte de sécurité, reviendrait à les priver d’exercer leur vocation baptismale. Au service de tous, celle-ci consiste à promouvoir la réconciliation, le pardon et la paix mais aussi le progrès, la liberté et le respect de tous les hommes.

C’est d’ailleurs pourquoi, lors du sommet chrétien, le cardinal Raï a déclaré :

 Plus que jamais, cette région a besoin de l’Evangile de Jésus »,

avant de poursuivre par cet avertissement à l’Occident :

 Si le monde perd cet Evangile, il connaîtra une situation de destruction, comme celle que nous vivons aujourd’hui ».

De fait, à ne plus vouloir entendre parler du Christ et de son Eglise, notre Vieux Continent n’est-il pas, lui aussi, menacé du chaos ?

 

Annie Laurent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La semaine dernière, je vous ai parlé d’un événement inédit qui s’est déroulé à Amman, en Jordanie, il y a juste un mois, à l’initiative du roi Abdallah II. Le souverain hachémite avait en effet invité les représentants de toutes les Eglises présentes au Proche-Orient à un sommet au cours duquel ils pouvaient exprimer leurs angoisses et leurs attentes en présence d’un nombre important de responsables musulmans.