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Disons-le d’emblée : avec son « roman de Saint Louis », Philippe de Villiers nous offre un livre exceptionnel dont la parution, aujourd’hui, semble comme suscitée par la Providence, eu égard aux réponses qu’il suggère aux défis de notre temps. La vie du seul roi français canonisé n’est pas rédigée ici selon les canons habituels des biographies, c’est le souverain lui-même qui se raconte.

A l’instant de rendre son âme à Dieu,

aux portes de Tunis, première étape de sa seconde Croisade, où le choléra le cloue sur un lit de cendres selon sa volonté, Louis IX fait défiler toute son existence. Cette forme littéraire permet au lecteur de s’unir aux convictions et aux souffrances du roi, et jusqu’à ses combats les plus intimes, autrement dit d’entrer dans son mystère. Coloré et vivant, servi par une écriture ciselée mais sans emphase, où les emprunts au langage du Moyen Age s’harmonisent avec le style actuel, le récit subjugue par sa densité humaine et spirituelle. En un mot, il est proprement jubilatoire.

Saint Louis

revit pour nous une enfance marquée par un grand-père, Philippe Auguste, et une mère, Blanche de Castille, qui ont su si bien le préparer à sa mission ; puis son mariage avec la joyeuse et vaillante Marguerite de Provence, qui le suit en Croisade et lui donne onze enfants.

Adoubé chevalier et couronné à l’âge de 12 ans :

toute la sainteté de Louis IX semble se jouer dans ces deux épisodes qui font l’objet de pages saisissantes. C’est un « roi hostie », configuré au Christ, que cherche à être celui qui conçoit le pouvoir comme un service empreint de détachement mais non dépourvu d’autorité ; un roi qui s’emploie à assurer la paix, l’ordre, la justice et la culture en son royaume, à y promouvoir la légitime autonomie du temporel tout en veillant au respect de la loi naturelle et au développement du culte public à Dieu.

Saint Louis œuvre aussi à réconcilier les Puissances européennes, y compris le pape et l’empereur germanique. Car, il le sait, une chrétienté divisée ne peut affronter le péril islamique. Le séjour en Orient, qui occupe une part substantielle du livre, fait écho à l’immense problème actuel, le choc avec l’Islam, qui place le chrétien face à des exigences religieuses et politiques redoutables. En tous ces domaines, l’exemple du saint roi est riche de leçons pour notre temps.

Au moment d’expirer, Saint Louis supplie Dieu d’avoir « merci » du peuple de France pour « que jamais il ne choie ».

Avec cet ouvrage, Philippe de Villiers, qui paraît comme habité par son héros, rend un service insigne à ceux qui veulent contribuer au relèvement de notre pays.

 

Annie Laurent

Paru dans la Nef

Philippe de Villiers, Le roman de Saint Louis, Albin Michel, 2013, 522 p., 22 €.