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L’Islam devant la démocratie

Gallimard, 186 p., 16, 90 €.

Amplement prouvée par l’actualité, l’incompatibilité de l’Islam avec les valeurs qui fondent les démocraties occidentales est désormais une évidence, même si certains continuent à la nier. Mais ce constat ne suffit pas si l’on veut avoir un rapport juste avec l’Islam, comme le demandait d’ailleurs Jean-Paul II. Tout en tenant compte des diversités culturelles et coutumières qui caractérisent le monde musulman, il importe donc de saisir les ressorts profonds qui façonnent l’univers mental de l’Islam.

Tel est l’exercice auquel se livre le sociologue Philippe d’Iribarne dans cet essai novateur sur le sujet.

Pour lui, tout s’explique par le rapport à la vérité. Sur ce plan, les textes sacrés de l’islam sont d’une logique implacable : ils ne laissent aucune place à l’interrogation, à l’hésitation, au doute, même fondé en raison, à l’incertitude, à la discussion, au débat, à la réflexion, au pluralisme légitime des opinions et à l’esprit critique. Il ne reste que la soumission. Avec pertinence, l’auteur démontre, nombreuses citations du Coran et des Evangiles à l’appui, les divergences fondamentales qui opposent l’islam et le christianisme quant à l’attitude de leurs fidèles respectifs face à leurs Ecritures.

Tout repose en fait sur le statut que chaque monothéisme donne à celles-ci : dictée pour l’un, inspiration et témoignage pour l’autre.

On comprend alors pourquoi les institutions musulmanes sont prisonnières de leur charia (loi islamique), y compris dans le monde actuel qui favorise tant les échanges.

En fait, explique Iribarne, au lieu de favoriser le progrès du monde islamique, la modernité sert le mouvement « scripturaliste » auquel on assiste depuis le XIXème siècle et celui-ci atteint même les zones périphériques du berceau arabe de l’Islam, longtemps teintées d’emprunts à d’autres traditions. L’espoir que l’Occident pouvait placer naguère dans son propre modèle pour susciter des évolutions chez les musulmans cède aujourd’hui la place à un profond rejet de leur part tout en les ancrant dans leurs certitudes et en stimulant leur prosélytisme.

Ce livre utile interpelle finalement les pays de vieille civilisation gréco-chrétienne sécularisés quant à leur capacité à relever le défi présenté par l’Islam.

 

Annie Laurent