Article paru dans La Nef, n° 289 – Février 2017.

Mgr Fouad Twal, Pour l’amour de Jérusalem, Bayard, 2016, 233 p., 14 90 €.

 

     Fils d’une tribu bédouine chrétienne de Jordanie, devenu prêtre pour le diocèse de Terre sainte, Mgr Twal a achevé en 2016 sa mission comme patriarche latin de Jérusalem, fonction qu’il a occupée pendant huit ans. Entre les deux, son parcours l’a conduit à Rome après quoi, muni d’un doctorat en droit canon et diplômé de l’Académie pontificale, il a été envoyé comme diplomate dans plusieurs pays puis nommé évêque de Tunis avant de rejoindre sa région d’origine.

Au fil des pages de son livre, écrit dans un style simple, ce prélat à la personnalité franche et chaleureuse – son prénom, Fouad, signifie « cœur » – évoque ces expériences. Mais l’essentiel concerne évidemment la situation de l’Eglise en Terre sainte, où il a voulu que son rôle de pasteur prime sur celui de diplomate.

Cette priorité l’aide à porter un regard perspicace sur les faiblesses du christianisme local, telles que la tentation du communautarisme. Pour Mgr Twal, les chrétiens sont aujourd’hui appelés à une démarche de « recentrement spirituel autour du Christ » afin d’approfondir leur vocation et leur désir de demeurer sur place. Car l’exode est l’une des plaies de la chrétienté de Terre sainte. Il faut dire – et le patriarche émérite le fait sans détour – que celle-ci subit de cruelles injustices qui engendrent de légitimes inquiétudes : spoliations, humiliations et tentatives de manipulation de la part des autorités israéliennes, progrès de l’islamisme chez les Palestiniens, etc. Concernant la paix tant désirée, Mgr Twal constate : « Le grand malheur de la cause palestinienne, c’est qu’elle est mise en avant par tous mais que personne, en réalité, n’agit ».

 

Annie Laurent