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Article paru dans La Nef, n° 289, février 2017.

Grégoire III Laham, Ne nous laissez pas disparaître !  Entretien avec Charlotte d’Ornellas, Artège, 2016, 131 p., 12, 90 €.

  Né en Syrie, Grégoire III Laham est depuis 2000 patriarche de l’Eglise grecque-melkite catholique d’Antioche, dont le siège est à Damas. De là, il veille sur ses fidèles répartis dans tous les pays du Proche-Orient, y compris Israël car il a servi pendant vingt-six ans comme vicaire patriarcal à Jérusalem, et du monde.

Il s’explique ici sur la position des chrétiens de Syrie dans la guerre qui oppose Bachar El-Assad à des rebelles de toutes obédiences, islamistes pour la plupart, contestant avec force l’accusation selon laquelle ils seraient inféodés au régime. Pour lui, le système n’est pas parfait mais les Européens ont eu tort de penser qu’il pouvait changer radicalement en quelques jours.

Par réalisme, il affirme qu’il faut donc parler avec Assad. Par ailleurs, le patriarche ne comprend pas que l’Occident démocratique et laïque accepte sans réagir la revendication d’Israël à être reconnu comme un « Etat juif », ce qui entraîne la marginalisation des citoyens chrétiens et musulmans. Mais cette inégalité citoyenne, il l’admet pour les chrétiens ressortissants de pays musulmans soumis à l’injustice de la dhimmitude.

Mise à part cette incohérence, il faut prendre en considération l’insistance avec laquelle Grégoire III justifie la présence des chrétiens au Proche-Orient. Encourager leur exode revient à les priver de leur vocation. On ne peut aussi qu’approuver sa conception du dialogue avec les musulmans, où la vie doit primer sur les idées et dont la fécondité dépend de l’enracinement des chrétiens dans leur foi et leur identité, conditions dont il déplore qu’elles soient trop absentes de la perspective européenne, ce qui lui fait craindre pour l’avenir du Vieux Continent.

 

Annie Laurent