L’une est née en Egypte, l’autre en Algérie. Toutes deux ont expérimenté l’action de la grâce divine dans leur âme et beaucoup souffert après leur baptême, avant de s’engager au service de l’Eglise.

Nahed

Venue au monde à Assiout dans une famille assidue à la pratique des rites islamiques, Nahed épousa un homme influent puisqu’il était l’un des principaux cadres d’El-Azhar, la grande institution sunnite du Caire. Ayant obtenu son accord pour travailler, elle devint directrice adjointe dans un lycée de filles de la capitale, poste qui devait la mettre sur la voie de la conversion au christianisme.

Lectrice assidue du Coran, Nahed était cependant tourmentée par l’impossibilité de connaître Dieu et curieuse de savoir qui était vraiment Jésus. « Au fond, je pensais que Jésus était totalement différent des autres êtres humains, mais je gardais toutes ces réflexions dans mon cœur car je ne pouvais m’en ouvrir à ma famille ».

Toutefois, persuadée que la Vérité se trouve dans l’islam, et alors répudiée, elle se comportait en musulmane dans ses rapports avec ses subordonnés de travail, notamment avec sa secrétaire qu’elle méprisait et maltraitait. Par son comportement vertueux et la « paix mystérieuse » qui l’habitait, cette collaboratrice allait pourtant désarmer Nahed.

Les apparitions de la Sainte Vierge puis du Christ dont elle fut gratifiée achevèrent de la convertir. Une fois baptisée par un prêtre copte-orthodoxe, elle dut se cacher pour échapper à sa famille et à la police car sa renonciation à l’islam avait été rendue publique.

En 1990, elle parvint à quitter l’Egypte pour les Pays-Bas, avec sa fille Manal, elle aussi devenue chrétienne, ses deux autres enfants étant restés musulmans. « Le christianisme, c’est une vie digne des anges », nous confiait-elle lors d’un passage en France en 1996. Etablie maintenant aux Etats-Unis, elle collabore à l’œuvre d’évangélisation de ses anciens coreligionnaires menée par son compatriote, le Père Zakaria Boutros, lui aussi contraint à l’exil. Outre son auto-biographie, Nahed a publié deux autres ouvrages destinés à éclairer les musulmans et les chrétiens sur les réalités de l’islam*.

Nadia

L’attrait de la liberté a joué un rôle important dans l’itinéraire de Nadia. Arrivée à Grenoble très jeune avec ses parents, juste après l’indépendance de l’Algérie, elle a vécu une enfance pauvre rythmée par l’islam. Malgré la charité du Secours catholique dont bénéficièrent les siens et la grande bonté d’une famille française chez qui, chaque été, elle s’occupait des enfants, la jeune fille n’entendait que des mises en garde contre les chrétiens « mangeurs de porc » : « Ces gens-là adorent un mort sur une croix ».

A l’adolescence, Nadia s’est révoltée contre sa religion qui maltraitait tellement la femme. En tant que fille, elle n’avait jamais été bien acceptée par son père. Alors, profondément attachée à son nouveau pays, « cette terre d’accueil qui m’a prise dans ses bras », elle priait Dieu de lui faire rencontrer un Français pour l’épouser. L’arrivée de Michel dans sa vie lui valut d’être battue par ses parents et soumise par eux à un marabout qui lui fit avaler de l’eau où trempait un texte du Coran ! Malade, culpabilisée, elle était prête à exiger de son mari qu’il se fasse musulman, espérant ainsi avoir la paix. Une rencontre providentielle avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, lors d’une veillée de prière, puis une messe où elle communia sans savoir pourquoi, lui firent découvrir que Jésus-Christ est le Dieu vivant.

Nadia a été baptisée en 1996 sous le prénom de Thérèse, en même temps que ses trois enfants, tandis que son époux, jusque-là indifférent à la foi, accepta le mariage religieux. Depuis lors, elle sert l’Eglise en préparant les enfants de sa paroisse à l’éveil à la foi. « Avoir reçu la grâce de revêtir le Christ, cela vaut tous les titres de noblesse », confie-t-elle dans son émouvant récit auto-biographique **.

 

 

Annie Laurent

 

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* Ma rencontre avec le Christ, F.-X. de Guibert, 1994 ;