Article paru dans La Nef n° 277 – Janvier 2016

Louis Garcia, Entretiens sur l’islam avec le professeur Marie-Thérèse Urvoy, éd. Docteur angélique, 2015, 85 p., 10 €.

Dans ce court ouvrage qui se présente sous la forme d’une conversation, Louis Garcia interroge l’universitaire Marie-Thérèse Urvoy, professeur d’islamologie à l’Institut catholique de Toulouse. Le thème est donc l’islam, sujet qui est ici abordé sous des facettes peu habituelles, même si les principaux aspects du dogme coranique y sont exposés. M.-T. Urvoy s’explique, entre autres, sur l’origine de la langue arabe, les conditions de l’élaboration du Coran et le « prophétisme » de Mahomet, ainsi que sur les accusations que le Coran porte contre la doctrine chrétienne. Elle fournit également des éclairages peu souvent évoqués concernant l’impact de la religion sur la psychologie des musulmans et la place du raisonnement.

Un autre aspect intéressant dans ce livre consiste dans l’art de débusquer les pièges contenus dans certains versets fréquemment cités par des musulmans soucieux de rassurer les autres, notamment les chrétiens, quant aux vertus pacifiques et respectueuses de l’islam. Il y a piège lorsque ceux qui citent ces versets se contentent du début du texte, amputant la suite si celle-ci émet des conditions telles qu’elles ruinent la portée réelle des affirmations de principe. Il s’agit surtout des prescriptions relatives à la liberté religieuse (qui serait respectée), au meurtre (qui serait toujours interdit), au djihad (qui ne serait que spirituel), à l’amitié envers les chrétiens et les juifs (qui est en fait conditionnée à leur adhésion à l’islam). De telles attitudes relèvent de la taqiya (dissimulation), attitude fréquente dans le cadre des rencontres islamo-chrétiennes officielles. Pour M.-T. Urvoy, dans ces dialogues, « les parts sont nettes : celle des chrétiens est l’affectif (appelé charité chrétienne), et celle des musulmans est le Coran, avec ses restrictions ». L’ouvrage se termine par un ferme rappel à la primauté de la vérité qui rend libre.

 

Annie Laurent