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Article paru dans La Nef, n° 292, mai 2017

Jean-François Chemain, Tarek, une chance pour la France ?, préface d’André Gerin, Via Romana, 2017, 92 p., 15 €.

 

Criant de vérité ! Tel est le sentiment qui saisit le lecteur en refermant ce petit livre qui donne la mesure des défis que la France doit relever si elle veut survivre dans la fidélité à son histoire et à son identité. Professeur atypique dans un collège public de banlieue, fréquenté pour l’essentiel par des enfants d’immigrés musulmans, Jean-François Chemain conçoit son métier non dans une perspective de carrière mais comme une vocation, donc avec le souci d’aimer et de transmettre. En donnant le meilleur de lui-même, il parvient à surmonter bien des obstacles, obtenant même des résultats inattendus auprès d’élèves pétris de « victimitude », persuadés de l’innocence d’un islam réputé toujours maltraité par la France d’hier et d’aujourd’hui, un islam qu’il convient donc de venger, d’où l’attrait réel de certains de ces adolescents pour le djihad. Elevés dans une religion omniprésente dans leur vie et leurs propos, ceux-ci jugent en outre l’athéisme incongru et méprisent la laïcité dévoyée en laïcisme. L’autoflagellation de la France, telle qu’elle est transmise dans les programmes d’histoire, l’hyper-féminisation du corps enseignant, qui dévalorise les comportements masculins et humilie les garçons, l’écœurement des élèves face à la promotion de mœurs contre-nature, tout cela n’aide pas les jeunes musulmans à s’accepter comme français.

Voilà tout ce qui se révèle à travers Tarek et ses camarades. Mais l’enseignant, associant autorité et enthousiasme, sait faire émerger chez ceux qui lui sont confiés une aspiration à quelque chose de plus exaltant : s’attacher à une France qui est leur patrie et qui est digne d’être aimée. De son expérience, pas toujours facile, Chemain tire cette conviction : « Oui, Tarek est une chance pour la France, parce qu’il va l’obliger à s’estimer enfin elle-même, ou à disparaître ». Puisse-t-il être entendu par ceux qui s’apprêtent à gouverner notre pays.

 

Annie Laurent