Article paru dans La Nef n° 301 – Mars 2018
Alexis et Gilles Troude, Balkans, la fracture, éd. Xenia, 2017, 244 p.
Il y a en Europe orientale une zone hautement instable et lourde de menaces pour l’ensemble du Vieux Continent. La lecture du livre d’Alexis et Gilles Troude, tous deux historiens et spécialistes de cette région, est d’une grande pertinence pour en prendre la mesure. Les auteurs passent en revue la situation institutionnelle, sociale et religieuse, de chacun des nouveaux Etats issus de l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie, commencé il y a vingt ans : Kosovo, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine, sans oublier les minorités hongroises de Voïvodine (Serbie) et de Transylvanie (Roumanie). Outre les trafics en tout genre (drogue, prostitution, organes, migrants), parfois parrainés par des régimes mafieux, ces territoires sont divisés sur eux-mêmes, théâtres de purification ethnique et culturelle ; leurs minorités sont la cible de visées irrédentistes des pays voisins. Le nom de la Macédoine est même contesté par la Grèce ! A toutes ces fragilités s’ajoute la progression constante de l’islamisme, soutenu par les Puissances arabes, la Turquie et même l’Iran, que l’on observe en Albanie et au Kosovo mais aussi en Bosnie-Herzégovine, région où Tito avait, dès 1968, organisé l’institutionnalisation de la religion musulmane.
Les auteurs analysent aussi les stratégies respectives de la Russie, des Etats-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne dans ces Balkans où l’idéologie des droits de l’homme a conduit à des erreurs qui pourraient préluder au démantèlement des Etats-nations de l’ensemble du continent. Pour eux, une conférence internationale est nécessaire afin de pallier des catastrophes qu’ils considèrent comme inéluctables.
Annie Laurent