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Article paru dans La Nef n° 291 – Avril 2017

Alexandre Del Valle, Les vrais ennemis de l’Occident, éd. L’Artilleur, 2016, 556 p., 23 €.

En 1979, le philosophe autrichien Karl Popper avertissait les sociétés ouvertes d’Occident de la dissolution qui les guette si elles persistent à « tolérer sur leur sol l’intolérance au nom de la tolérance ». Docteur en Histoire contemporaine, Alexandre del Valle adopte cette clairvoyance pour approfondir l’un de ses thèmes de prédilection : l’aveuglement de l’Occident face à l’islamisme, ou comment ce dernier profite de la séduction exercée par le pacifisme et l’utopie multiculturaliste pour imposer son idéologie politico-religieuse aux sociétés démocratiques.

  L’auteur recense trois grands objectifs stratégiques, qui visent l’Europe en priorité :

  1. réislamisation des musulmans influencés par les idées laïques opposées à la charia ;
  2. réunification de l’Oumma ;
  3. soumission à l’islam des sociétés « mécréantes ».

Il présente avec beaucoup de minutie les éléments qui constituent les fondements doctrinaux, les théories conceptualisées et les moyens mis en œuvre par l’islamisme sous ses différentes formes (wahhabisme, salafisme, Frères musulmans, etc.). Del Valle met aussi l’accent sur l’action de l’Organisation de la Coopération islamique (57 Etats) en vue d’obtenir la pénalisation de l’islamophobie par le droit international, sans qu’il soit en même temps question pour elle de renoncer aux entraves aux libertés si fréquentes dans les pays d’islam.

Un passage inattendu consiste à décrire le recours de l’islamisme à des totalitarismes exogènes : national-socialisme et communisme révolutionnaire. Enfin, face à cette menace existentielle, l’auteur dénonce le refoulement, la diabolisation et l’affaiblissement de la Russie par l’Occident alors que l’un et l’autre partagent les mêmes principes de civilisation et sont confrontés au même défi.

Cet essai magistral devrait inspirer les orientations des gouvernements occidentaux dans les années à venir. Il suffirait de mettre en œuvre les propositions de bon sens visant à des révisions fondamentales en matière sociale, géopolitique, diplomatique et défensive, préconisées par Alexandre del Valle.

 

Annie Laurent