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Radio-Espérance, 17 avril 2013

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La semaine dernière, deux patriarches catholiques d’Orient ont séjourné à Paris. Il y a eu le cardinal Béchara Raï, chef de l’Eglise maronite, qui a fait étape en France avant de se rendre en Amérique latine pour y visiter les communautés de fidèles émigrés là-bas.

Mgr Raï a été reçu à l’Elysée par le président François Hollande et au quai d’Orsay par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. L’essentiel de ses entretiens a porté sur la situation dramatique qui prévaut en Syrie et les risques de déstabilisation encourus par le Liban. Le cardinal a mis en garde les autorités françaises sur les dangers qu’il y aurait à livrer des armes à la rébellion syrienne et à soutenir les mouvements islamistes qui veulent renverser le régime de Bachar El-Assad.

L’autre patriarche en visite à Paris était Mgr Ignace III Younan, chef de l’Eglise syriaque-catholique. Comme Mgr Raï, il réside au Liban et il a aussi de nombreux fidèles dans les pays arabes et sur tous les continents. Le patriarche Younan était invité par l’Aide à l’Eglise en Détresse pour participer aux traditionnelles « nuits des témoins » organisées chaque année par cette association de droit pontifical dont la mission est de soutenir les chrétiens qui souffrent dans le monde. Lui aussi a eu des entretiens avec des personnalités du monde politique, notamment l’ancien président Nicolas Sarkozy. Il a attiré leur attention sur les très graves menaces qui pèsent sur le maintien d’une présence chrétienne dans tous les pays du Proche-Orient et sur les atteintes à la liberté religieuse qui empêchent les non-musulmans de bénéficier de la pleine citoyenneté, ce qui est source de graves injustices.

Les deux patriarches ont délivré des messages très fermes et résolus, avec un ton que l’on n’a peu l’habitude d’entendre en France notamment de la part des responsables d’Eglise.

Je retiendrai aujourd’hui quelques extraits d’une conférence publique que le patriarche des maronites a donnée à l’Institut catholique de Paris sur le thème : « La présence chrétienne dans un milieu théocratique ».

Le mot « théocratique » s’applique évidemment aux systèmes de gouvernement en vigueur dans les pays dominés par l’islam politique. Mgr Raï a énuméré toutes les contraintes qui pèsent sur les chrétiens obligés de se soumettre à la charia, la loi islamique. Il a ensuite présenté les trois défis auxquels sont confrontés les chrétiens d’Orient : leur cohabitation de plus en plus difficile avec un islam influencé par la croissance des fondamentalistes, la question insoluble du conflit israélo-palestinien, l’insécurité sociale et économique.

Il a conclu par la nécessité de soutenir la présence chrétienne pour que l’Evangile de salut, de fraternité, de vérité, de justice et de paix soit toujours proclamé, célébré et vécu dans ses valeurs spirituelles, humaines et sociales. Pour cela, il a demandé à la France de ne pas favoriser, par sa politique, l’émigration des chrétiens de leurs terres d’Orient car, a-t-il souligné, en une belle formule évangélique, leur mission est comparable au sel de la terre qui donne saveur à la vie individuelle et commune ; comparable à la lumière qui illumine la maison et au levain qui transforme la pâte humaine.

 

Annie Laurent