Article paru dans La Nef, n° 293, juin 2017

 

Francesco Brancaccio, La laïcité, une notion chrétienne, éd. du Cerf, 2017, 196 p., 19 €.

Un profond malentendu entache la compréhension du concept de laïcité en Europe, surtout depuis que l’islam, par ses exigences et sa visibilité, bouscule une situation que l’on croyait définitivement acquise et admise par tous. Il convenait donc de l’éclairer. Tel est le mérite de cet ouvrage dont l’auteur, théologien et canoniste, signe une étude d’une grande richesse doctrinale.

Pour le P. Brancaccio, il est erroné de considérer que la laïcité serait en contradiction avec la foi. Son affirmation s’appuie sur l’enseignement de Benoît XVI, qui, après Jean-Paul II, a beaucoup écrit sur le sujet. Le pape émérite a montré en quoi le principe de laïcité découle de la correspondance entre nature et raison. « Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’Etat et à la société un droit révélé ni un règlement juridique découlant d’une révélation. Il a, au contraire, renvoyé à la nature et à la raison comme vraie source du droit ». C’est pourquoi « la pensée chrétienne affranchit la loi de toute interprétation littérale des textes sacrés, et par conséquent de toute forme de coercition religieuse ».

Telle est d’ailleurs l’idée qui inspire la doctrine sociale de l’Eglise. Cet enseignement se résume par les notions « distinction », « réciprocité » et « saine coopération » qui doivent régir les relations entre l’Eglise et l’Etat. On comprend alors l’inexactitude du mot « séparation » choisi par la France pour définir sa laïcité, laquelle devient alors laïcisme et rejoint ainsi le fondamentalisme religieux, comme l’a regretté Jean-Paul II. La vraie laïcité se mesure à l’aune du respect de la dignité humaine et de la liberté religieuse. Ce qui conduit le pape François à constater que « les Etats confessionnels finissent mal ».

Annie Laurent