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Dimanche dernier, au terme de la session que les évêques de France venaient de tenir à Lourdes, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence épiscopale, a évoqué la situation des chrétiens au Proche-Orient.

 Comment ne pas penser aux martyrs d’aujourd’hui ! », a-t-il dit. « Au cours de ces journées de travail, nous avons accueilli le témoignage de souffrance et de foi de nos frères chrétiens dans le monde et tout particulièrement dans les zones en conflit. Ils puisent dans l’espérance la force pour tenir, lutter et pardonner. Nous en avons des témoignages multiples. J’en ai eu moi-même par des Syriens vivant à Marseille ».

Pour être en communion avec nos évêques,

je vais donc vous parler à nouveau de la Syrie. Début septembre, on a beaucoup évoqué l’attaque meurtrière perpétrée par des djihadistes contre Maaloula, cette localité hautement symbolique pour l’Eglise puisque ses habitants continuent de parler l’araméen, la langue du Christ. Mais, au cours des dernières semaines, les chrétiens syriens ont enduré bien d’autres souffrances, infligées par des combattants islamistes, parmi lesquels figure un nombre croissant d’étrangers armés par les pays musulmans sunnites qui veulent en finir avec le régime de Bachar El-Assad et ses supposés alliés. Or, ces violences sont passées inaperçues en France, peut-être parce qu’elles sont devenues routinières.

Des djihadistes ont d’abord menacé Sednaya, au nord de Damas. Cette bourgade, considérée comme le « cœur battant du christianisme syrien », abrite des monastères et églises de différentes confessions. Elle est un lieu de pèlerinage historique très fréquenté. Dans l’un des sanctuaires, on y vénère une icône miraculeuse dénommée la Toute Sainte Vierge Marie, apportée de Jérusalem au VIIIème siècle. Non loin de là, plus à l’ouest, à Yabroud, l’église grecque-catholique Saint-Georges a été visée par quatre missiles qui l’ont gravement endommagée. Puis, dans le nord du pays, où les rebelles s’affrontent durement entre eux, une église orthodoxe a été incendiée à Hassaké tandis que des groupes islamistes en profanaient deux autres à Raqqa, contraignant aussi les habitants à s’enfuir.

Ce fut ensuite, à nouveau dans l’ouest du pays, le tour de Sadad et Hofar, localités qui comptent 15 000 habitants, chrétiens de rite syriaque, de subir la haine des rebelles. Les 3 000 civils qui n’ont pu quitter ces villes à temps, encerclés dans leurs quartiers, ont vécu sous la terreur pendant une semaine jusqu’à leur libération par l’armée syrienne. Parmi eux, quarante-cinq ont été tués. Le Père jésuite Ziad Hilal, qui a pu se rendre sur place, a constaté les slogans anti-chrétiens écrits sur les murs des églises et la profanation du Saint-Sacrement dans les tabernacles.

Face à ces drames,

les autorités ecclésiastiques du Proche-Orient ont à nouveau lancé des appels à la conscience universelle. Malgré leur répétition, je crois qu’il est important de les entendre sans se lasser. Voici d’abord la déclaration du patriarche grec-catholique, Grégoire III Laham. Je le cite :

Jamais dans l’histoire de la Syrie, nous n’avions enregistré de telles attaques sacrilèges et sectaires ».

Pour sa part, le patriarche syriaque-catholique, Ignace III Younan, avec des paroles très fortes, ne cesse de critiquer la planification diabolique visant à détruire la Syrie. Je le cite aussi :

 Les dirigeants politiques de certains pays occidentaux influents, avec leur opportunisme matérialiste et leur politique machiavélique, sont, à mon avis, les premiers responsables de la disparition des chrétiens dans les pays à majorité musulmane ».

Cependant, au cœur du calvaire vécu par nos frères dans la foi, un signe d’espérance inattendu leur a été donné.

Le 14 octobre, une statue géante, représentant le Christ bénissant, a été érigée à 2 100 mètres d’altitude, au sommet du mont des Chérubins, tout près de Sednaya, la ville récemment assiégée. L’endroit choisi se trouve sur le parcours du pèlerinage historique de Constantinople à Jérusalem. La sculpture de bronze, haute de 32 mètres, peut être vue du Liban, de Jordanie, de Palestine et d’Israël, a indiqué l’Académie théologique du patriarcat orthodoxe de Moscou, qui est à l’origine du projet. Celui-ci avait démarré avant la guerre et l’installation de la statue, qui a nécessité trois jours de travail, a pu avoir lieu durant la trêve que les belligérants ont accepté d’observer.

Partout, le Seigneur veille sur son peuple.

 

Annie Laurent

Radio-Espérance le 13 nov 2013