Article paru dans La Nef n° 277 – Janvier 2016

Yves-Marie Salem-Carrière, Saint-Vincent de Paul et l’islam, DMM, 2015, 93 p., 9, 50 €.

Alors que la pression de l’islam sur l’Europe se fait de plus en plus pressante, la réédition de ce petit ouvrage tombe à point. L’auteur, prêtre de la Congrégation de la Mission (lazariste), décédé en 1994, commence par rappeler les risques encourus par l’Europe du XVIIème siècle face aux entreprises conquérantes des Turcs musulmans. Car, pour décisive qu’elle ait été, la victoire de Lépante (1571) n’a pas tout arrêté. Des milliers de chrétiens sont emmenés en captivité à Tunis ou Alger, livrés à une existence indigne, sommés d’apostasier la foi ou martyrisés s’ils résistent.

Nommé par Louis XIII aumônier de ces chrétiens, Vincent de Paul fait tout ce qu’il peut pour les racheter ; il conçoit même un projet d’expédition militaire en Afrique du Nord. Hanté par le salut de ses frères en religion, il n’entend pas seulement les libérer de la servitude mais aussi leur épargner la tentation du reniement. De très édifiants récits émaillent ce livre, notamment celui d’un renégat repenti et devenu martyr. Pour l’auteur, l’exemple de Monsieur Vincent est à imiter, à l’heure où l’Europe a cédé à un pacifisme aveuglant. Evoquant en 1991 (date de la première édition de cet essai) la tragédie déjà vécue par les chrétiens d’Orient, Dom Gérard, le fondateur de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, émet ce vœu dans sa belle préface : « N’y aura-t-il donc pas en Occident un Louis XIII et un saint Vincent de Paul pour se soucier de la détresse de nos frères chrétiens et leur porter secours ? ».

 

Annie Laurent