En cette fin d’année, nous voulons vous rappeler l’importance d’un livre paru en avril dernier sous la signature d’Annie Laurent : L’Islam pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), éditions Artège. Cet ouvrage, qui reprend d’une manière thématique et ordonnée l’ensemble des Petites Feuilles vertes publiées jusqu’au début 2017, a fait l’objet de nombreux commentaires très favorables.

Pour n’en citer qu’un ici, je retiens la formule de Jean Sévillia : « Un chef-d’œuvre de pédagogie » (Le Figaro Magazine, 17 novembre 2017).

Pour sa part, l’historienne et écrivain Anne Bernet a consacré à l’essai d’A. Laurent une recension exhaustive, publiée dans la revue trimestrielle Sedes Sapientiae (n° 141, septembre 2017). Compte tenu de l’intérêt de cet article, nous vous l’envoyons après avoir obtenu l’accord de son auteur et de l’éditeur de ladite revue, non sans l’avoir scindé en deux pour alléger votre lecture. Vous trouverez donc ci-joint la première partie (PFV n° 53) ; la seconde (PFV n° 54) vous sera adressée en janvier 2018.

Bonne lecture et  Bon et Joyeux Noël.


 

 Présentation du livre d’Annie Laurent, L’Islam, pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), éd. Artège, 2017, par Anne Bernet (1).

 

Que cela nous plaise ou non,

l’islam a fait irruption dans notre monde, notre société, notre vie. Au cours des dernières décennies, il a, par le biais d’une immigration toujours plus forte, pris en Europe une importance jadis inimaginable et une visibilité parfois provocante. Il n’est plus guère de jour qui ne soit marqué par un acte de terrorisme revendiqué par des islamistes. Le djihad se mène désormais chez nous et contre nous.

Face à cette situation, une majorité de Français reste désemparée, déconcertée, parce que sans repères pour comprendre les événements. Pouvoirs publics, gouvernants, médias n’ont à offrir en guise de réponses à leurs questions, de remèdes à leurs inquiétudes, que des discours convenus, cent fois entendus, qui paraissent de plus en plus tragiquement en porte-à-faux avec la réalité quotidienne.

En fait, tenir un discours clair sur l’islam,

proposer une analyse lucide des problèmes provoqués par son apparition dans nos sociétés s’avère difficile, voire impossible, que ce soit par ignorance, angélisme béat, crainte d’être accusé de racisme ou d’islamophobie. Ce choix, qui s’apparente à la politique de l’autruche, ne peut, à terme, qu’exacerber les tensions et interdire d’apporter des solutions pacifiques aux crises en train de se nouer.

Dans ce contexte qui devient dramatique, la publication du dernier essai d’Annie Laurent, spécialiste incontestée du Proche-Orient, du monde islamique et des rapports douloureux entre chrétiens et musulmans dans ces régions, est un événement capital. Voici, en effet, enfin mise à la portée du grand public, une analyse sans concession quoiqu’emplie de charité chrétienne des réalités de l’islam. Voici le livre qu’il faut lire, toutes affaires cessantes.

Au commencement de ce travail,

il y a une association, Clarifier, dont le nom dit suffisamment les buts, qu’Annie Laurent a créée avec d’autres. À travers des conférences, des rencontres, des publications, « les Petites Feuilles vertes », le vert étant la couleur de l’islam, Clarifier dispense sur l’enseignement de Mahomet tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour respecter les musulmans sans s’aveugler sur leur foi ni sur les objectifs politiques et sociétaux qui vont de pair avec leur religion.

Jusque-là disponibles par abonnement, ces feuillets, en fait de véritables dossiers de fond exposant les origines de l’islam, son histoire, ses dissidences, ses courants, ses lois, sa pensée, ses façons d’être et d’agir, ses stratégies, sa vision politique, ses perspectives d’avenir, viennent d’être réunis en volume.

Au lecteur qui possède déjà quelques lumières sur l’islam,

ce livre permettra d’ordonner ses connaissances et de les approfondir ; à celui qui ne sait rien, ou uniquement ce qu’il entend répéter par la presse et les politiques, il ouvrira des perspectives neuves. Dérangeantes ? Sûrement, et il faut admirer le courage d’Annie Laurent qui ne craint pas d’affronter la bien-pensance ambiante.

Il existe en effet un discours préfabriqué, convenable, sur l’islam, ressassé ad nauseam en toutes occasions ; il cherche à démontrer que l’enseignement de Mahomet est comparable aux autres grands monothéismes, lesquels, au demeurant, auraient eu, eux aussi, leurs parts d’ombre et de violence. L’islam serait une religion de paix et d’amour, ceux qui s’en prévaudraient pour couvrir des actes terroristes et criminels seraient de mauvais musulmans, mal formés, mal éduqués, et non représentatifs de leur communauté. Il serait donc loisible de chercher à éradiquer ces formes déviantes de l’islam tout en réservant le meilleur accueil au « véritable » islam.

D’emblée, Annie Laurent réfute ce pieux mensonge.

Il n’y a pas deux islam, un bon et un mauvais, mais un seul qui, selon les circonstances, le contexte, les époques, selon qu’il est en position de force ou de faiblesse, a ou non les moyens de s’imposer par la violence et la coercition.

L’islam, en effet, ne relève pas, à l’instar des autres croyances, du seul for intérieur. Il est aussi et d’abord un projet de vie et de civilisation universel, destiné, selon Mahomet, à s’imposer à l’humanité entière, qu’elle choisisse d’y adhérer spontanément ou qu’elle y soit contrainte.

Perdre de vue cet objectif final, c’est ne rien comprendre aux enjeux. À la différence du christianisme, qui appelle à la conversion, l’islam conquiert. Ceux qui lui résistent doivent donc, en toute logique, disparaître (2) ; les anéantir est œuvre pie. Ne restent alors, hormis le choix du martyre, que deux issues : devenir musulman, ce qui de tous temps est apparu hautement préférable aux  populations conquises, en raison des nombreux avantages procurés aux nouveaux croyants, et cela explique la disparition presque totale, en très peu de temps, des antiques chrétientés d’Orient et d’Afrique du Nord ; ou « la protection », qui permet aux « idiots utiles » de vanter « la tolérance » de l’islam envers les autres croyances et d’exalter un « vivre ensemble » présenté comme un idéal à atteindre, alors qu’il s’agit en réalité de l’instauration d’un statut inférieur, la « dhimmitude », des chrétiens et des juifs, tolérés dans leurs propres patries mais traités en citoyens de seconde zone (3), tels les Coptes égyptiens ou les Chaldéens, pour ne citer qu’eux, du moins tant qu’ils persévèrent dans « leur mécréance », d’ailleurs à leurs risques et périls, ainsi que l’actualité le prouve d’abondance …

Face à cette réalité ancrée dans l’histoire,

tout dialogue trouve vite ses limites et ce pour une excellente raison : les concepts sur lesquels est bâtie notre civilisation occidentale ne signifient à peu près rien pour des musulmans conséquents. Notre modèle, spécialement aujourd’hui, alors que nous offrons à ces observateurs étrangers peu bienveillants un spectacle de décadence morale scandaleuse, n’est pas enviable mais répugnant et haïssable.

L’Europe en général et la France en particulier apparaissent méprisables et méritent un châtiment, que certains extrémistes sont prêts à leur infliger. Le problème étant que, même si ceux-ci représentent une minorité fanatisée, ils ne sont pas condamnés par la majorité de leurs coreligionnaires, soit par solidarité, soit par crainte.

Tout discours contraire, sauf rares exceptions non représentatives de l’opinion publique musulmane, relève d’une stratégie bien connue des musulmans minoritaires : la taqiya, ou dissimulation, qui permet au fidèle en position de faiblesse de mentir afin de survivre en milieu hostile. En réalité, et l’actualité le rappelle fréquemment, avec les passages à l’acte de musulmans que leurs relations présentent comme des modèles d’intégration dont rien ne laissait soupçonner « la radicalisation », peu de choses suffisent pour transformer des gens qui semblaient occidentalisés en ennemis sanguinaires des populations qui les ont accueillis, et souvent élevés.

S’appuyant sur les témoignages de chrétiens d’Orient, persécutés, torturés, massacrés par des gens avec lesquels ils ont toujours vécu, Annie Laurent le rappelle : le Coran interdit strictement l’amitié entre ses fidèles et les « gens du Livre » (4) ; il ne faut donc pas s’étonner de voir le voisin que l’on pensait proche se métamorphoser soudain en bourreau. Pour lui, il n’y a là rien de condamnable. Ceux qui affirment le contraire se trompent, ou ils mentent. Sciemment.

(à suivre).

 

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  • Sedes Sapientiae, n° 141, septembre 2017, p. 96-103.
  • L’on peut ainsi se référer au verset communément dit « du sabre » : « Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes, partout où vous les trouverez. Capturez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades. Mais, s’ils se repentent, s’ils s’acquittent de la prière, s’ils font l’aumône, laissez-les libres» (9, 5).
  • « Combattez : ceux qui ne croient pas en Dieu et au Jour dernier ; ceux qui ne déclarent pas illicite ce que Dieu et son prophète ont déclaré illicite ; ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils paient le tribut après s’être humiliés » (9, 29).
  • « Ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens. Ils sont amis entre eux. Celui qui les prend pour amis finit par être des leurs. Dieu ne guide pas le peuple injuste » (5, 51).

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