Article paru dans L’Homme nouveau n° 1582, 17 janvier 2015

 

Jean-Jacques Walter, Le Coran révélé par la Théorie des Codes, Editions de Paris, 308 p., 28 €.

 

Ingénieur de l’Ecole des Mines de Paris, Jean-Jacques Walter a voulu mettre sa maîtrise des mathématiques au service de la recherche sur les origines du Coran. Ce projet, étonnant a priori, lui a permis de soutenir avec succès, en 2013, une thèse de doctorat en islamologie devant l’Institut catholique de Toulouse. C’est le résultat de cette recherche universitaire qu’il a condensé dans cet ouvrage. En recourant à l’analyse des données textuelles, méthode dont il explique le mécanisme et qui présente un taux de fiabilité impressionnant, l’auteur parvient à démontrer que le Coran, dont toutes les versions antérieures au IXème siècle ont été détruites (on a des preuves de leur existence), est l’œuvre d’au moins trente rédacteurs et qu’il a été écrit sur une période de plus de deux cents ans.

Cette conclusion anéantit la thèse officielle selon laquelle le livre sacré des musulmans est « incréé », dicté par Dieu Lui-même en langue arabe à Mahomet entre 620 et 632. Les emprunts à l’araméen, qui sont fréquents dans le texte, à commencer par son intitulé (le mot « Coran » désigne d’abord un recueil liturgique), et l’insistance avec laquelle ce dernier combat le cœur de la foi chrétienne, à savoir la divinité de Jésus-Christ et la négation de la crucifixion, attestent l’origine nazaréenne de l’islam. Les nazaréens formaient une secte judéo-chrétienne adepte d’une hérésie qui voyait en Jésus un grand prophète mais niait qu’il fût le Fils de Dieu. Des évangiles apocryphes, des emprunts au Talmud, ainsi que des légendes juives et des histoires profanes ont aussi été introduites dans le Coran, auquel ont par ailleurs été ajoutés des éléments destinés à constituer une religion nouvelle et conquérante (le monothéisme, le prophétisme de Mahomet, le djihad). Il est à souhaiter que ce travail novateur soit pris en compte par les intellectuels musulmans eux-mêmes et par les autres, ceux qui persistent à légitimer l’islam comme une authentique « révélation divine ».

 

Annie Laurent