Le Coran
Le mot « Coran » signifie « Récitation ». En commençant sa dictée, l’ange Gabriel a dit à Mahomet : « Récite, au nom de ton Seigneur qui créa (…) car ton Seigneur est le Très-Généreux qui a instruit l’homme au moyen du calame (= parole)… » (96, 1-5).
Sous la forme d’un Livre, le Coran est une dictée divine, formulée en langue arabe et transmise aux hommes par l’ange Gabriel à Mahomet. Sa fonction est d’être une « guidance ».
Le Coran rappelle la religion donnée par Dieu à l’origine ; il récapitule les Écritures antérieures en abrogeant et en rectifiant les erreurs qui y ont été introduites.
La langue arabe choisie par Dieu lui confère une sacralité universelle. Elle est la seule langue autorisée pour la prière rituelle.
1. Le Coran : sa composition
Le Coran traite de multiples sujets : la doctrine (dogme, accusations contre les juifs et les chrétiens, fins dernières), la mission des prophètes, des récits relatifs à la vie de Mahomet, la pratique religieuse, ainsi que des prescriptions juridiques et morales.
Le contenu du Coran permet, en principe, de résoudre tous les problèmes de tous les temps et dans tous les domaines.
Sa structure : 114 chapitres (sourates) classés par ordre de longueur décroissante, divisés en 6235 versets.
Les parties ne s’enchaînent pas, l’ordre des sourates n’est ni chronologique, ni thématique, ni logique
2. Le Coran et ses « abrogations »
Dans le Coran, Dieu se réserve le droit d’abroger telle ou telle prescription. « Nous (Dieu) n’abrogeons ni ne faisons oublier un verset sans en procurer un autre, meilleur ou de valeur égale » (2, 106). A noter que l’abrogation ne concerne jamais le dogme.
Il y a donc des versets « abrogés » et des versets « abrogeants », mais le Coran ne précise pas la catégorie à laquelle appartient chaque verset.
Pour pallier cette lacune, les savants musulmans ont reconstitué l’ordre chronologique de la « descente » des versets (période mecquoise et période médinoise). Mais leurs opinions divergent à ce sujet.
En outre, comme l’ensemble du Coran est considéré d’essence divine, tous les versets y ont été maintenus, d’où des contradictions, des incohérences, des problèmes d’interprétation.
Par exemple entre les versets de bienveillance et les versets justifiant la violence.
3. Le Coran et son interprétation
De son statut « incréé », puisque l’homme n’a eu aucune part à son élaboration, il résulte que c’est un document intangible.
Les commentaires sont admis : il s’agit d’aider les croyants à savoir ce que Dieu attend d’eux. Cependant, il n’y a pas de « magistère » authentique et unique en Islam, d’où la multiplication des interprétations.
Aucune analyse critique n’est autorisée ; l’exégèse, l’étude du texte, les analyses philologiques, littéraires, archéologiques … sont interdites.
La sunna (Tradition)
La sunna est tout ce qui se réfère à Mahomet. Elle émane des hadîths (= récits) : paroles, réponses, faits et gestes, silences, attribués à Mahomet. Ces récits ont été transmis sur plusieurs générations par des chaînes de témoins qui en ont rapporté les circonstances.
Mahomet étant « le beau modèle » (33, 21) à qui il faut obéir (3, 32), les hadîths ont valeur normative : ils complètent ce qui manque au Coran dans l’ordre législatif. A noter que le Coran ne contient que très peu de préceptes législatifs, d’où l’importance de la Sunna.
Très nombreux, les hadîths n’ont cependant pas le même degré de certitude quant à leur authenticité. Les savants musulmans ont réparti les hadîths en trois catégories : saints, sûrs, peu sûrs (là encore, interprétations multiples).
La charia (loi divine) et le fiqh (jurisprudence)
Le mot charia signifie « voie révélée ». « A tous, Nous (Dieu) avons donné une Voie évidente » (5, 48).
C’est l’ensemble des règles de comportement issues du Coran et de la Sunna et concernant les actions humaines dans tous les domaines : familial, cultuel, juridique (code pénal), social, etc.
L’islam accorde une importance considérable à la Loi, à ce qui est licite ou illicite.
Le contenu de la charia varie selon les interprétations des différentes écoles juridiques (au nombre de quatre dans le sunnisme) qui ont développé leur propre fiqh (jurisprudence) et se répartissent l’aire musulmane.
Certaines idéologies (Frères musulmans, salafisme, wahabisme,…) se sont surajoutées à ces écoles, préconisant leur propre interprétation, dans un sens plus ou moins rigoriste et le plus souvent à forte connotation politique.
Entre islam et islamisme il y a une différence de degré, non de nature.
La charia en tant que telle n’a jamais fait l’objet d’une codification unique.