Adonis, Violence et islam. Entretiens avec Houria Abdelouahed, Seuil, 188 p., 18 €.

 

Poète syrien de confession alaouite et résidant en France, Adonis s’entretient ici avec une psychanalyste d’origine marocaine enseignant à Paris. De cette conversation résulte une critique sans concession du rapport de l’islam sunnite à la violence, pas seulement guerrière d’ailleurs, même si l’expansion islamique s’est toujours faite par la force. En fait, c’est toute la civilisation islamique qui est destructrice, malade d’une violence qui se manifeste dans des domaines aussi variés que la mystique, la culture, l’art, la politique, les relations avec l’Occident et la situation de la femme. Sur ce dernier sujet, sans partager le féminisme excessif d’Adonis, on ne peut qu’approuver sa désolation face au sort réservé à la femme en Islam.

Le poète regrette que le recours à la religion ait transformé le printemps arabe en un enfer. Il faudrait, d’après lui, que les musulmans aient le courage de relire objectivement leur histoire pour y découvrir les fondements d’une sclérose permanente. Mais, observe-t-il, « on dirait qu’il manque aux Arabes d’aujourd’hui l’esprit du questionnement ». Adonis aimerait aussi que les musulmans cessent de considérer l’islam comme la perfection même et donc tout ce qui lui est antérieur ou extérieur comme relevant de l’ignorance, objet de mépris. Il leur faudrait pour cela cesser de répéter leurs textes sacrés en omettant la raison et la réflexion. Voilà un livre audacieux qui outrepasse heureusement les consignes de l’islamiquement correct.

 

Annie Laurent

Article paru dans L’Homme nouveau, n° 1615, 21 mai 2016.