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Article paru dans La Nef, n° 312 – Mars 2019.

Ardavan Amir-Aslani, De la Perse à l’Iran, 2500 ans d’histoire, L’Archipel, 2018, 206 p., 18 €.

Peu après son arrivée au pouvoir, le président américain Donald Trump (élu en 2016) s’est lancé dans une politique de méfiance et de confrontation avec l’Iran, dénonçant l’accord international sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015 et imposant des sanctions au pays des ayatollahs. Il s’agit d’une diabolisation injuste, plaide l’auteur de cet essai, lui-même avocat et enseignant à l’Ecole de guerre économique à Paris, car l’Iran ne doit pas être perçu seulement à travers la république islamique instaurée à Téhéran par Khomeyni en 1979.

Amir-Aslani s’attache donc à présenter en détail l’âme iranienne dans son identité véritable, à travers sa langue, son histoire, ses traditions, son apport considérable à la science et à l’art, dû largement à l’influence des savants chrétiens de Mésopotamie, comme il le reconnaît. Il rappelle notamment que l’iranité dépasse les frontières de l’Etat actuel. Envahie par les Arabes peu après la mort de Mahomet (632), la Perse s’islamisa lentement, sans pour autant renoncer à son héritage païen, notamment à la religion de Zoroastre adoptée des siècles auparavant par les divers empires (Parthes, Sassanides). Et c’est pour se distinguer de l’islam arabe qu’au XVIème l’Iran adopta le chiisme né au VIIème siècle d’une rupture tragique avec le sunnisme, épisode dont Amir-Aslani rappelle les circonstances, tout en décrivant les profondes différences doctrinales qui opposent les deux branches principales de l’islam, la première ayant conservé de son passé une réelle aptitude à la créativité et à la mystique. « Le chiisme est une religion en perpétuelle évolution, quand le sunnisme est resté figé dans le temps », note-t-il, évoquant les progrès accomplis actuellement dans un Iran où les valeurs anciennes continuent d’imprégner la culture et la spiritualité, ce qui augure d’un renouveau à venir, inévitable selon l’auteur. Il importe donc à l’Occident de prendre acte des perspectives ainsi ouvertes.

 

Annie Laurent