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Le martyre

Selon le Catéchisme de l’Eglise catholique, « le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la Foi ; il désigne un témoignage qui va jusqu’à la mort. Le martyr rend témoignage au Christ, mort et ressuscité, auquel il est uni par la Charité. Il rend témoignage à la vérité de la Foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force » (CEC n° 2473). En outre, le martyr chrétien meurt en pardonnant à son bourreau, par imitation du Christ sur la croix. Enfin, le martyre ne doit pas être recherché pour lui-même : ce serait provoquer Dieu pour obtenir la récompense du paradis. Il implique donc la gratuité totale.
Dans l’islam, le martyr (chahîd = témoin) est aussi celui qui consent à sacrifier sa vie mais l’amour de Dieu, le pardon et la gratuité sont étrangers à cette réalité. Le martyr ne meurt pas pour témoigner de sa croyance (en cas de menace, le musulman est d’ailleurs autorisé à dissimuler ou à nier ses convictions et son identité religieuse, cf. Coran 16, 106) mais dans le cadre du djihad, pour donner la victoire à l’islam, ou à une cause qui lui est assimilée comme la « libération de la Palestine » et pour « gagner » le paradis.
A celui qui est « tué dans le chemin de Dieu », le Coran garantit la vie dans l’Au-delà (3, 169). Cette mort-là est sacralisée, y compris lorsqu’elle prend la forme de l’attentat-suicide. Bien qu’interdit, le suicide devient alors l’élément d’un troc entre Dieu et l’homme. « Dieu a acheté aux croyants leur personne et leurs biens pour leur donner le paradis en échange. Ils combattent dans le chemin de Dieu : ils tuent et ils sont tués » (9, 111).

Le paradis

Pour les chrétiens, le Ciel est le lieu de la béatitude éternelle qui attend « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, qui sont parfaitement purifiés et vivent pour toujours avec le Christ. Ils sont pour toujours semblables à Dieu parce qu’ils Le voient “tel qu’Il est” (1 Jn 3, 2), face à face » (CEC n° 1023). Cette réalité concerne l’être humain dans son intégrité physique et spirituelle puisque le corps et âme seront ressuscités à la fin des temps.
« Par sa mort et sa Résurrection, Jésus-Christ nous a “ouvert” le Ciel » (CEC n° 1026). Le paradis est le fruit de la rédemption opérée par le sacrifice du Christ sur la croix pour sauver les hommes des conséquences mortelles du péché originel. Ceux qui sont sauvés bénéficient de la vision béatifique, de l’union intime avec le Créateur. Le paradis vu par le christianisme est donc une réalité surnaturelle.
Pour sa part, le Coran énonce également la résurrection finale (6, 26) et prévoit un paradis qui est décrit comme le lieu d’« un bonheur sans limite » (9, 72). Mais il s’agit d’une réalité matérielle et non surnaturelle. L’islam ignorant le péché originel et donc la nécessité d’une rédemption, le paradis est la récompense promise aux musulmans fidèles ; il est le lieu de toutes les jouissances, de la levée de tous les interdits imposés aux hommes sur la terre, de la disparition du mal et de la souffrance. Les femmes y sont admises (9, 72), même si le Coran ne précise que les plaisirs qui attendent les hommes. Ce paradis est une sorte de vie terrestre améliorée.
Envisager une vie de communion entre le Créateur et ses créatures humaines est impensable parce que cela porterait gravement atteinte à l’absolue transcendance de Dieu. L’islam excluant la vision béatifique, le purgatoire n’a aucune raison d’être : l’âme n’a pas besoin d’être purifiée pour devenir capable d’une union parfaite avec Dieu, ce qui est blasphématoire.

L’enfer

Pour le christianisme, l’enfer consiste en la séparation éternelle de l’homme avec Dieu, cause des plus grandes souffrances. Cet état résulte du libre choix de l’homme « mort en état de péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu » (CEC n° 1033).
Pour sa part, le Coran envisage l’enfer comme un châtiment corporel et éternel infligé par Dieu à ceux qui, sur terre, ont refusé l’islam. Les souffrances de cet état, décrites abondamment dans le Coran, ne résultent pas de la privation de l’union avec Dieu. Ici aussi on n’est pas dans l’ordre surnaturel mais dans l’ordre matériel.

Annie Laurent

Lexique paru dans Famille chrétienne n° 1925 du 6 au 12 décembre 2014