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Lyautey, le Résident,

400 p., 20 € ; Guillaume Jobin,

 2000 ans d’histoires marocaines,

272 p., 15 € ; 2014, Ed. Casa-Express, diff. Magellan.Péroncel-Hugoz,

 

Animateur d’une chaîne d’écoles de journalisme de Paris à Doubaï via Rabat et Dakar, Guillaume Jobin a découvert au Maroc l’héritage, toujours vivace et efficace, d’Hubert Lyautey qui y séjourna comme Résident de 1912 à 1925.

Pris d’une véritable passion pour cette période qui est à présent trop décriée dans une France tentée par le reniement de ses engagements passés, fussent-ils profitables à tant de peuples, l’auteur a décidé de lui consacrer une étude approfondie. Cela donne un volume à la fois fluide et bourré de faits, chiffres et citations. Jobin passe au crible les années retenues pour cet essai, surtout sur le plan politico-économique, mettant en valeur la qualité des méthodes de travail du maréchal. Avec cet auteur, on ne peut que constater le « siècle de paix » donné aux Marocains, la persistance de « l’exception franco-marocaine » ou la « réelle modération » de l’islam chérifien, due aussi au statut de « commandeur des croyants » des rois alaouites. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une nouvelle biographie du célèbre maréchal, l’auteur en évoque aussi la personnalité. Mais, sur ce point, on reste très dubitatif devant certaines de ses « découvertes » : « son » Lyautey aurait été « républicain », « athée », « versatile » et même « subdépressif ».

En fait, Lyautey était catholique et attaché aux lys de France (il s’irritait cependant du « républicanisme » du Vatican) comme le montre, en un contraste frappant avec Jobin, le profil bref mais buriné brossé par un autre journaliste, Péroncel-Hugoz, dans ses 2000 ans d’histoires marocaines, ouvrage réalisé sur place grâce à la curiosité insatiable de cet auteur qui travaille au Maroc comme éditeur. Il s’agit en fait de la réédition mise à jour d’un livre déjà paru en 2009 et qui sort en même temps que celui de Jobin chez le même éditeur franco-marocain.

Roboratif par la qualité du style et l’exhumation d’événements peu ou pas connus, cet essai offre au lecteur une découverte hors normes d’un pays qui fascine tant de Français.

 

Annie Laurent

Article paru dans La Nef, n° 259, mai 2014.