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Pape François : Les martyrs d’Otrante,passés au fil de l’épée par des musulmans,  un symbole pour le monde contemporain

Dans son homélie de canonisation le pape souligne l’héroïque fidélité des chrétiens persécutés dans le monde. Retour sur le « vrai témoignage » auquel tout baptisé est appelé.

 Où trouvèrent-ils la force de demeurer fidèles ?

s’est interrogé le pape François en canonisant hier, dimanche 12 mai, devant de milliers de fidèles, le père italien Antonio Primaldo et quelque 800 citoyens de la ville d’Otrante (région des Pouilles en Italie) passés au fil de l’épée par des musulmans.

L’histoire de leur décapitation par les ottomans, survenue en 1480, pour avoir refusé de renier leur foi et de se convertir à l’islam, fait aujourd’hui de ces bienheureux martyrs des saints et un symbole pour tous les chrétiens persécutés aujourd’hui.

 

 Chers amis, dans le sillage des martyrs d’Orante, conservons la foi que nous avons reçue et qui est notre vrai trésor, renouvelons notre fidélité au Seigneur, même au milieu des obstacles et des incompréhensions », a exhorté le pape, ajoutant : « et demandons à Dieu de soutenir tous ces chrétiens qui, encore à notre époque et dans tant de parties du monde, souffrent encore de violences, qu’il leur donne le courage de la fidélité et de répondre au mal par le bien .

 

Les 14 et 15 avril dernier, le pape François avait assuré que l’Église d’aujourd’hui comptait plus de martyrs qu’aux premiers siècles du christianisme.

Dimanche 12 mai, en canonisant des martyrs du XVème siècle,  il relance le discours du « vrai témoignage » auquel tout chrétien est appelé mais sans avoir toujours la force de le vivre, alors que d’autres, dans des conditions de souffrance inouïe, y consentent jusqu’au sacrifice de leur propre vie.

  Le temps des martyrs n’est pas fini. Nous pouvons même dire que l’Eglise a plus de martyrs que dans ses premiers siècles

relevait-il lors d’une de ses messe du matin dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le mois dernier,

 L’Eglise a tant d’hommes et de femmes qui sont calomniés, qui sont persécutés, qui sont massacrés par haine de Jésus : l’un est assassiné parce qu’il enseigne le catéchisme, un autre parce qu’il porte la Croix. Dans tant de pays, on les calomnie, on les persécute, ce sont nos frères et sœurs qui souffrent en ce temps des martyrs.

avait-t-il insisté.

 Lors de la prière du Regina Coeli du 14 avril,

devant 80.000 personnes, le pape avait lancé un appel à prier pour tous ces chrétiens persécutés et les soutenir dans leur détresse, insistant sur la force et le courage de leur témoignage et sur l’importance de leur faire sentir la solidarité du reste du monde.

Toute cette attention particulière du pape pour les martyrs d’aujourd’hui est résumée dans ce tweet : « Prions pour les nombreux chrétiens souffrant de persécution et de violence dans le monde. Que Dieu leur donne le courage de la fidélité », publié sur son compte @Pontifex_fr, en écho au passage de l’homélie de la messe de canonisation d’hier.

La canonisation d’Antonio Primaldo et de ses compagnons martyrs (dont l’annonce est passée pratiquement inaperçue parce qu’elle avait été décidée par Benoît XVI et que la publication avait coïncidé avec l’annonce de sa renonciation), prend une résonnance particulière à un moment où les souffrances subies par tant de minorités chrétiennes dans le monde semblent à leur paroxysme.

 Insultes, calomnies, vexations,églises saccagées ou détruites, enlèvements, fuites en masses :

c’est ce que nous lisons dans la presse au quotidien, en particulier en Syrie, à feu et à sang, où le conflit, après deux ans, ne semble pas vouloir baisser d’un cran, et aurait déjà fait près de 80.000 morts.

Actuellement est en cours un grand effort international et œcuménique visant à sauver la vie et à libérer les deux Métropolites syro- orthodoxe et grec-orthodoxe d’Alep enlevés dans le pays voici trois semaines, Gregorios Yohannna Ibrahim et Boulos al-Yazigi.

Ces chrétiens qui sont souvent des « victimes oubliées » comme le père Michael Kayal, un jeune prêtre de 27 ans, vivant à Alep, en Syrie, enlevé par des rebelles extrémistes musulmans. Deux mois après sa disparition, on est sans nouvelles de lui, mais le monde n’en parle pas.

  La communauté chrétienne n’a aucune issue, elle est encerclée ,

soulignait Mgr Georges Dankaye, recteur du Collège arménien de Rome et procureur de l’Eglise arménienne catholique près le Saint-Siège, en commentant la situation sur place, ajoutant :

Elle se prépare pour le martyre… nous ne le voulons pas, nous ne l’espérons pas; nous le craignons mais c’est comme ça .

Selon plusieurs études publiées ces derniers mois (AED, Portes Ouvertes … ), les chrétiens de toutes confessions sont les fidèles les plus persécutés dans le monde. C’est notamment vrai dans le monde musulman. Mais d’autres types de discriminations et de violences existent, par exemple d’extrémistes hindouistes à l’égard de la minorité chrétienne en Inde. (cf. Aleteia 15 avril 2013).

Dimanche, le pape François a également canonisé deux saintes latino-américaines : la deuxième sainte mexicaine, Maria Guadalupe Garcia Zavala (1878-1963) et la toute première sainte colombienne, Laura Montoya (1874-1949), saluant en cette dernière « un instrument d’évangélisation d’abord comme enseignante, puis comme mère spirituelle des indigènes ».

Interrogé sur le fil commun qui relie ces canonisations, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints déclare :

Il faut tout d’abord dire que ces 800 martyrs ont sauvé l’Italie dans son identité catholique et chrétienne. Il faut également souligner que les deux sœurs sont latino-américaines (…) canonisées par le Pape François, premier Pape latino-américain, signe supplémentaire d’encouragement à l’Eglise de ce continent, qui est appelée à exceller dans le témoignage chrétien et dans l’expansion du royaume de Dieu sur toute la terre. » (Osservatore Romano).

 

sources:aleteia, Osservatore Romano